Le Marathon des Burons

Nasbinals - Laguiole le 24 juin 2007

Voilà, ce que l'on pouvait lire, dès le mois de janvier 2007, sur les revues spécialisées, concernant cette course :

"La course Merrell - Aubrac, le marathon des burons, sera organisée le dimanche 24 juin 2007 avec un départ à 6h 30 à Nasbinals. Strictement limité à 1200 coureurs avant le 10 juin 2007 (dans la limite des 1200 premiers coureurs inscrits). Attention, 1000 coureurs acceptés l'an passé au 31 avril. Les différents tarifs d'inscription sont les suivants : 28 euros avant le 15 avril puis 36 euros entre le 16 avril et le 10 juin dans la limite des 1200 premiers inscrits. L'arrivée, sera jugée à Laguiole, sur la place principale au pied du célèbre taureau, la fameuse statue emblématique de la cité du couteau et de la race Aubrac. Un seul point d'élimination, situé à la Station du Bouyssou après 5h 15' de course pour 27 km soit à 11h 45'. Cet horaire d'élimination peut être changé à tout instant en fonction des conditions météorologiques du jour ou pour toutes raisons liées à la sécurité des coureurs.

Le parcours consiste en une très belle traversée longue de 42,8 km de sentiers et de chemins entre le village de Nasbinals (48) et Laguiole (12). Une diagonale par les alpages sauvages entre Nasbinals et le village emblématique d'Aubrac en passant par le Pic de Gudette. Puis descente par le chemin du St Jacques de Compostelle en direction de Belvezet. On remonte alors par le Triadou. Au col, la course bascule dans une forêt profonde, le royaume des cerfs. Un parcours très sauvage, parfois humide avec de nombreux ruisseaux à traverser. On retrouve les alpages pour rejoindre la station du Bouyssou où sera placé le point central de la course. De là, on s'échappe à nouveau dans les alpages pour passer aux pieds des burons dont celui des Abiouradous. On quitte le parcours des éditions précédentes pour repartir en forêt et rejoindre La Source. Attention, à la belle surprise offerte à cet instant de la course. La montée franche d'une piste de ski. Pour monter non loin de la Croix du Pal. On attrape ainsi le GR (le Tour de l'Aubrac) qui offre un superbe panorama sur le versant ouest de l'Aubrac et on plonge sur Laguiole.

Le principe de la course est simple, il s'agit d'un Trail en auto-suffisance avec deux points d'eau (Aubrac km 11 et le Bouyssou km 27), sans aucun ravitaillement fourni par l'organisation. L'assistance par un accompagnateur est formellement interdite pendant la course sur l'ensemble du parcours ainsi qu'à Aubrac et au Bouyssou où seront situés les points d'eau. Le coureur doit porter sur lui l'ensemble de son ravitaillement ainsi que ses vêtements de rechange, avec en plus ce que l'on appelle le matériel obligatoire, c'est à dire : Ravitaillement personnel ainsi qu'une réserve de boisson énergétique (au minimum 1l 5 en cas de chaleur). Sifflet, couverture de survie, coupe-vent en cas de mauvaise météo.
En cas de forte chaleur, ce principe d'autosuffisance peut être remis en cause et de nombreux points d'eau peuvent être mis en place par l'organisation (comme en 2005 et 2006).

En après midi, (à partir de la fin de matinée), un repas aligot-party sera offert aux coureurs (ainsi qu'aux accompagnateurs qui auront acquitté le prix de ce repas - 12 euros). Ce repas sera servi dans la salle des sports de Laguiole."

Conscients de l'engouement pour ce genre d'épreuve, nous avons préféré envoyer rapidement nos bulletins d'inscription, dès le 9 février 2007. Cette fois, c'est Mauricette et Didier qui se sont chargés de trouver l'hébergement ... et oui, je ne vous l'avais pas dit, mais toute la petite bande est encore de la partie, encore une bonne occasion pour passer un bon moment ensemble, sauf que là, Éva et moi, devons absolument rentrer après la course ... alors que tous les autres vont dormir une nuit de plus sur place.

Nous avons décidé de ne pas prendre cette course à la légère, c'est pourquoi, nous avons augmenté nos temps d'entraînement, faisant même quelques sorties longues de 3h, sous la pluie comme par beau temps. Éva a aussi beaucoup insisté sur la préparation de ses pieds. Elle a commencé 3 semaines avant la course par un tannage régulier, avec du citron, le matin et de la pommade Nok (Akileïne), le soir.

      Pour éviter d'en arriver à ce que l'on voit sur la 1ére photo, un bon tannage des pieds est important, environ 3 semaines avant la course.

Nous avons aussi testé de nouveaux produits énergétiques (gels et boissons), lors de nos sorties longues d'entraînement et nous avons décidé d'en prendre pour la course. Je vous donnerai le nom du produit, seulement si l'essai est concluant ...   Testées et approuvées, à l'entraînement, des mini guêtres, pratiques et légères, ne laissant rien entrer dans les chaussures, feront partie de notre équipement pour la course. Un seul point d'eau étant prévu pendant la course, nous avons opté pour un sac à dos avec poche à eau de 2litres, déjà testé lors de nombreuses épreuves, avec en plus une petite poche, sur la ceinture, pour les gels et bien sur une autre poche, pour moi, pour emporter un petit appareil photo ... il faut bien immortaliser un tel événement, ne visant pas une place sur le podium, je vais avoir le temps d'apprécier les paysages, et de vous en faire profiter.

Mardi 19 mai ... avant dernière sortie tranquille. Malgré la chaleur étouffante, j'ai tenu à aller courir un peu, surtout pour me dégourdir les jambes, pendant environ une cinquantaine de minutes. Est-ce la chaleur, ou bien un problème alimentaire ... toujours est-il que j'ai passé une très mauvaise nuit, souvent dans les toilettes ... très peu dans mon lit ... La journée de mercredi a été très dure aussi. Heureusement que j'ai réussi à dormir et à récupérer la nuit suivante, jeudi, tout était rentré dans l'ordre ... plus de peur que de mal, si la course avait eu lieu mercredi, j'aurais été incapable de faire 10km ...

Jeudi 21 mai ... dernière sortie avant le grand jour. C'est plus une petite ballade, qu'une sortie d'entraînement, mais ça rassure de voir que tout va bien ...

Vendredi 22 mai ... c'est l'heure de préparer les sacs, car nous avons décidé, Éva et moi, de partir en fin d'après-midi, nous avons réservé une chambre d'hôtel à Issoire, d'où nous repartirons samedi matin, tranquillement, en direction de Nasbinals.

Panorama de l'Aubrac

Il est 11h quand nous arrivons à Nasbinals, il pleut à verse et il fait froid (9°), ce n'est pas encore la grande foule dans la salle communale où est installé le Village Partenaires et où sont remis les dossards, donc nous en profitons pour retirer les nôtres ainsi que ceux de nos copains qui doivent arriver cet après-midi. Pendant qu'Éva glane quelques informations concernant les produits énergétiques de la marque Fenioux, j'en profite pour discuter avec Yves-Marie Quemener, le photographe des grandes épreuves, journaliste pour VO2, que j'avais déjà rencontré aux Templiers et dernièrement à la Course du Viaduc de Millau. Nous prenons un petit café, dans un petit bar, face à l'église, où il règne déjà un air de fête. De la place du Foirail (lieu du départ) jusqu'à la sortie du village, toute la route est décorée de nombreuses banderoles aux couleurs des sponsors. Nous décidons de rejoindre Laguiole, en voiture, pour aller déjeuner, en passant par quelques points de passage de la course de demain ... histoire de s'imprégner encore plus, dans les merveilleux paysages que sont, ceux de l'Aubrac. La Place du Taureau, de Laguiole est, elle aussi, prête à accueillir les arrivants de cette 3e édition du Marathon des Burons. Après avoir copieusement déjeuner, nous rejoignons le gîte de groupe, situé à 3km, où nous allons manger ce soir et passer la nuit. En attendant nos copains, nous passons une petite heure à nous reposer ... il est 17h et c'est la sonnerie du téléphone qui me fait sortir de mes rêves (j'avais une couronne de laurier autour du cou, et je passais, seul en tête, sous l'arche d'arrivée sur la Place de Laguiole ......), ce sont nos copains, ils sont bloqués depuis 1h30 sur l'autoroute ... à Issoire, suite à un accident de la circulation, ils n'arriveront donc pas tout de suite ... nous décidons de faire une petite ballade en les attendant ...

Blason de Nasbinals        Nasbinals

19h30 ; ça y est, toute la petite bande est enfin regroupée, dans le gîte. Font partis du groupe :  Didier et Momo Niepceron, Serge Saniez, Maria Fabre, David Hélan, Karine Bobo et bien sur Éva et moi. Les propriétaires du gîte nous ont préparé un menu spécial "Trail des Burons": taboulé, viande blanche, pâtes, fromage et pour finir un flan aux cerises. Nous partageons la table avec une autre bande de joyeux randonneurs qui font le Tour de l'Aubrac, de gîte en gîte, pendant 8 jours. Chacun parlant de ses propres aventures, que ce soit en marchant ou bien en courant, nous en avons déduit que les uns comme les autres, nous étions, avant tout, des amoureux de la nature, très respectueux de l'environnement.

Après les derniers conseils de Didier, notre "Maître" (car il est le seul à avoir déjà participé à l'épreuve), il est temps pour tout le monde, de se mettre au lit et d'essayer de dormir, car il faut se lever tôt ...

Dimanche 24 juin ... 4h00 du matin ... le réveil sonne, il faut se lever ... une longue journée nous attend. Pour tous, c'est la dernière vérification des sacs et c'est le moment de remplir d'eau, nos "Camel Bak". Dès le petit déjeuner, avalé, nous rejoignons Laguiole, en voiture, pour prendre les navettes qui doivent nous conduire, entre 5h et 5h30, au départ à Nasbinals. Il fait déjà jour, quand nous montons dans l'autocar et il n'y a aucun nuage dans le ciel, ce qui prévoit une belle journée ... Nous arrivons à Nasbinals à 6h00 et le départ est prévu à 7h00. Le speaker nous annonce que nous serons 1500 à prendre le départ et que c'est le nouveau record de participation. Le soleil est maintenant au rendez-vous mais il ne fait que 10°, quand nous entrons dans le sas de départ. Quelques recommandations de l'organisateur et c'est au son de la musique officielle de la course "Améno", interprétée par le groupe Era, que nous prenons le départ, sous les applaudissements des nombreux spectateurs, amassés le long de la route, dans toute la traversée du village et venus nous encouragés, dans cette première montée ... Didier a parié que Momo passerait la ligne d'arrivée en moins de 8h, il va rester avec elle pendant toute la course et comme Maria et Éva ne veulent pas se retrouver toute seule, elles vont rester avec Didier et Momo. David espère finir autour de 4h/4h15 et Karine aimerait mettre moins de 5h30. Serge n'a pas vraiment d'objectif et moi, je vise une arrivée en moins de 7h00 ... Je prends un départ prudent, Serge reste avec moi pendant environ 3 ou 4km avant de partir légèrement plus vite, David et Karine sont déjà devant. Je conserve mon allure, sans chercher à suivre Serge, car je ne veux pas me griller en partant trop vite. Dès la sortie de Nasbinals, nous empruntons un chemin, toujours en montée et nous pouvons déjà voir le long cortège de coureurs, je suis à peu près au milieu du peloton et tout va bien. De temps en temps, nous quittons le chemin pour passer au milieu d'herbages dont les barrières ont été ouvertes par les propriétaires, qui sont souvent là pour nous encourager. Nous courons près des vaches, que notre passage ne semble même pas déranger, il faut dire qu'il y a, à chaque fois une clôture électrifiée qui nous sépare. Il est tombé tellement d'eau dans la région, que les champs sont parfois de vrais bourbiers, surtout aux endroits où nous devons traverser les ruisseaux, eux aussi, gorgés d'eau ...

      Fabrice,Éva,Karine,David,Serge,Momo,Maria et Didier, juste avant le départ, sur la Place du Foirail, à Nasbinals.

     

Une belle descente, nous permet d'arriver jusqu'au village d'Aubrac. C'est le village le plus haut du plateau de l'Aubrac, il culmine à 1350m. Il est traversé par le fameux GR65, qui va jusqu'à Saint Jacques de Compostelle, et que nous allons suivre pendant une bonne partie de la course. Nous longeons quelques vestiges de l'ancienne dômerie : l'église du XII ème siècle, la tour des Anglais du XIV ème siècle (transformée en gîte pour accueillir les pèlerins du Chemin de Saint Jacques de Compostelle) et l'ancien hôpital.

              

Après Aubrac, nous continuons de progresser, par un chemin vallonné au milieu des alpages, traversant quelques ruisseaux et une belle forêt, pour rejoindre le petit village de Belvezet, où nous attend une belle montée. Nous laissons sur le côté Saint Chély d'Aubrac et le GR65, nous suivons maintenant le GR du Tour de l'Aubrac en direction de la Croix du Triadou, mais avant d'y arriver, il nous faut traverser la Route Départementale 987, et là, ce n'est pas une mince affaire, il y a bien une corde pour faciliter la montée, mais le sol est tellement détrempé et boueux que certains restent au milieu et provoquent un beau bouchon ... un petit détour d'une trentaine de mètres, et hop, me voilà sorti de ce bourbier avec une dizaine d'autres coureurs. A peine la route traversée, nous entrons aussitôt dans une superbe forêt très dense, il n'y a pas de chemin mais le balisage est parfait et nous descendons en zigzagant au milieu des arbres, traversant quelques ruisseaux en passant la plupart du temps directement au milieu, sans réfléchir ... de toutes façons, j'ai déjà les pieds humides, alors, ce n'est pas gênant. C'est dans une montée que je rattrape Karine, je suis surpris de la voir ici, je la croyais plus loin devant, mais elle me dit que tout va bien et qu'elle a toujours gardé le même rythme. Pendant environ 15', nous allons rester ensemble, nous sommes à 2h50' de course et j'ai 22km à ma montre, je me mets à penser que c'est peut-être jouable en moins de 6h ... Mais Karine va plus vite que moi dans les montées, et pas question de la suivre, car si j'accélère, je risque de le payer plus tard, donc je la laisse partir ... avec le secret espoir de la revoir au ravitaillement ... en vain ... Nous quittons la forêt à la hauteur du Buron d'Embournac, et nous partons vers la station du Bouyssou, en passant par le Puech du Roussillon, à 1400m d'altitude ... Le seul ravitaillement en eau de la course se trouve à la station du Bouyssou, nous sommes au km26, il reste à peu près 16 ou 17km, je décide de ne pas remplir entièrement mon Camel Bak, avec 1 litre, ça devrait suffire, je profite de cet arrêt pour manger quelques morceaux de fromage et de saucisson emportés avec moi dans la poche de mon sac à dos. J'ai été pointé à la 987e place, en 3h37'24" au Bouyssou et j'en suis reparti à peine 5' plus tard. Nous empruntons une piste de ski de fond, longeant la Route Départementale 15 pendant environ 1,5km, il y a beaucoup de spectateurs à cet endroit et ça fait plaisir d'être encouragé. Puis c'est de nouveau un passage dans les alpages qui nous attend. Le chemin nous mène d'abord, jusqu'au Buron des Planes, puis jusqu'à celui des Abiouradous, qui est magnifique. Nous revenons vers le Chalet de la Source en traversant la Forêt Communale de Laguiole, avec encore plusieurs passages de ruisseaux, toujours aussi gras. Une belle descente nous permet de rejoindre la Départementale 15 que nous traversons, nous descendons encore pour traverser un ruisseau :"le Rau du Vayssaire", nous sommes à 1219m d'altitude et au sortir du ruisseau ... face à nous, se dresse une montée, tellement abrupte que l'on ne voit pas le sommet ... il s'agit d'une piste de ski que nous devons, bien sur, monter ... Il va me falloir un tout petit peu moins de 20' pour arriver en haut, à 1317m ... 100m de dénivelé pour 500m de distance ... pas mal !!!! Une fois franchie cette soi-disant dernière difficulté, on nous annonce qu'il reste 7km tout en descente jusqu'à Laguiole ...  pour la distance, je suis d'accord, mais j'ai trouvé en cours de chemin ... encore 2 belles montées, que j'ai eu bien du mal à terminer en marchant. Heureusement j'ai réussi à courir dans chacune des dernières descentes. Certes, c'est un peu fatigué, mais tellement heureux, que j'ai pu  franchir en 6h20'56", la ligne d'arrivée, et je crois bien, avoir laissé couler quelques larmes de bonheur et d'émotion sur le tapis recouvrant la Place du Taureau, à Laguiole.

J'avais espéré moins de 7h ... je suis pleinement satisfait ; Serge qui a doublé Karine, termine en 5h50'48" à la 773e place ; Karine, en 5h58'44", termine à la 849e place ; Didier, Momo, Éva et Maria, qui sont restés tous ensembles font beaucoup mieux que ce qu'ils espéraient, ils terminent 1179, 1180, 1181 et 1182e en 7h27'19". Quand à David, c'est lui qui réalise la meilleur perf du groupe, c'était prévu, il termine 70e en 4h13'01".

Nous avons, encore une fois passé un excellent week-end, dans un gîte super. La course mérite le déplacement, l'organisation est bien rôdée. La région est magnifique et mérite le détour. Nous avons eu la chance de courir avec le beau temps, seul regret, pour Éva et moi, c'est que nous avons été obligés de rentrer après la course pour cause de présence impérative au travail, pour moi, le lundi matin ... dommage, car une journée de plus dans le gîte, nous aurait fait du bien.

La superbe plaque, remise sur la ligne d'arrivée, à chaque "Finisher" ... 

Didier, Momo, Éva, Maria, Fabrice et Serge ont franchi la ligne d'arrivée, ainsi que David et Karine ... Dommage pour Pierre et Françoise qui n'ont pas fait le voyage, mais nous avons beaucoup pensé à eux, pendant ce super week-end.