Récit Trail de Guerlédan / St Guelven (22) / 8 et 9 juin 2019
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(Récit : Fabrice Humbert / Photos : Eva Humbert et Orga.))

Cette année, j'ai envie, pour la première fois, de participer au Championnat de France de Trail Long, qui va se dérouler à Méribel, le 10 août. Mais pour avoir le droit de s'y inscrire, il y a quelques obligations, auxquelles les participants doivent absolument se plier. En premier lieu, il faut être licencié "FFA", j'ai donc commencé par ça, et j'ai pris une licence compétition, en cherchant un club, où cette licence coutait la moins chère. Pour le nombre de clubs, pas de problème, il y a l'embarras du choix, mais c'est avec les tarifs que j'ai eu de grosses surprises. Certains clubs proposent des prestations "Hors Normes" et demandent quelques fois plus de 300€, pour ceux qui veulent un stade, un coach, un kiné, un jeu de maillots, un survêtement et même un costume, ces clubs sont pour eux. Heureusement, d'autres sont beaucoup plus abordables, et entre 130 et 180€, c'est assez facile d'en trouver un. En ce qui me concerne, n'ayant besoin d'aucun espace d'entraînement, ni entraîneur, j'ai opté pour un club, regroupant plusieurs disciplines sportives, joignable uniquement sur Internet, basé dans le Maine et Loire, à Angers, dont le nom est "TOBESPORT". Pour un montant de 80€, me voilà, en possession de ma Licence FFA Compétition. La première partie est remplie, maintenant il y a une autre obligation, pour entrer dans le classement du Championnat de France, il faut impérativement avoir terminé et donc être classé, dans une des courses, comptant pour le "Trail Tour National", avant la date du Championnat de France ... et voilà, pourquoi, je me retrouve ici, pour participer au Trail de Guerlédan, qui compte pour le TTN.  Bien sur, sans toutes ces tracasseries, la course des Championnats de France, reste ouverte à tous, mais cela ne donne qu'un classement OPEN, et non pas un classement "officiel FFA". Si, tout cela, n'est pas un gros business de la FFA ... Je suis déjà venu, ici, en 2004, participer au Trail de Guerlédan, l'épreuve faisait 54km et j'avais mis 7h32'. J'en ai un très bon souvenir, tant par la qualité de l'organisation, mais aussi pour la beauté du parcours. Espérons que ça soit toujours pareil, pour l'organisation et concernant le parcours, je sais, qu'aujourd'hui, la distance est un peu plus longue, c'est parti pour 63km.

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Samedi 8 juin 2019
Comme souvent, quand la course se déroule le dimanche et que c'est loin de notre village normand, nous partons le samedi, de façon à arriver, dans l'après-midi, sur le site, pour récupérer les dossards et repérer en même temps les lieux.
Nous avons réserver une chambre, pour 2 nuits, dans un hôtel de Caurel, le Valfrescos. Il est situé à 7km, du site où se trouve, le village organisation, la ligne de départ et celle d'arrivée, donc pas très loin. Pour le samedi soir, étant donné que l'établissement est rempli tous les ans par des coureurs, les propriétaires de l'hôtel ont pris l'habitude de proposer un menu "Spécial Trail", nous avons accepté cette proposition et nous restons donc sur place, pour cette soirée de samedi.

Dimanche 9 juin 2019
Le réveil sonne à 5h15, la nuit s'est très bien passée, pas un seul bruit n'est venu l'interrompre, l'hôtel est vraiment très calme. Je prends ma douche et je vais dans la salle du restaurant pour prendre mon petit-déjeuner. Eva ne se lève pas ce matin, elle déjeunera plus tard et viendra me rejoindre à pied, tranquillement en suivant la Voie Verte n°6 (de St Méen-le-Grand à Carhaix, 128km de long). Le chemin passe tout près de l'hôtel et après 8km de balade, longe l'Abbaye de Bon-Repos, où Eva pourra retrouver le site d'arrivée, pour manger en attendant mon arrivée.
Après un copieux petit-déjeuner, je finis de me préparer et je pars en voiture vers le départ de la course. Il me faut à peine 10' pour arriver sur le parking, il ne pleut pas et la température semble parfaite pour bien démarrer la journée, je garde juste les manchettes et des petits gants que j'enlèverai plus tard. En suivant la foule, j'arrive, comme tous les participants, dans le sas de départ, il est 6h50, l'organisateur prend la parole pour nous rappeler les dernières recommandations concernant le balisage et les différents points de passages, avec les barrières horaires. Il est tout juste 7h00 quand il donne le départ de la course. C'est parti pour 63km, pour les 1300 inscrits.


Le vieux Pont de Pierre, de Bon-Repos, a permis à des milliers de coureurs d'enjamber le Blavet, pendant ces 2 jours de courses.

Après quelques minutes à piétiner devant l'Abbaye, pour passer sous l'arche de départ, c'est au ralenti que nous sortons du Parc, pour traverser le Blavet par le vieux pont de pierre de Bon-Repos. Cela fait 12' que le départ a été donné et j'arrive seulement au 1er km. Comme nous quittons la route pour entrer dans un petit chemin, pas très large, avec un talus à enjamber, pas besoin de vous dire que le bouchon ne cesse de s'agrandir, car nous avons tous envie de passer, mais il faut attendre ... ensuite, ça grimpe, et nous avançons toujours au ralenti, avec parfois des pauses, à cause du nombre trop important, de coureurs, par rapport aux passages étroits, dès le départ, mais ça, c'est mon avis, et ça n'engage que moi ... toujours est-il que jusqu'au km15, nous serons toujours les uns derrière les autres, avec même des portions en descente, effectuées en marchant. Bon, le côté positif de la chose, c'est que l'on ne se met pas dans le rouge ... Je m'étais donné comme objectif, d'essayer de tenir une vitesse à peu près constante de 45' par tranche de 5km, pour pouvoir terminer ce 63km aux alentours de 9h30. Pour l'instant, je n'ai jamais forcé et je passe le km15 en 1h55'23", avec 20' d'avance par rapport à mes prévisions.

Depuis le départ, nous sommes en pleine forêt de Quénécan et les portions bitumées sont très rares, c'est bien et nous n'avons rencontré aucunes grosses difficultés, concernant le dénivelé positif. Je passe le km20, prévu en 3h00, en 2h41', j'ai toujours un peu d'avance. J'arrive à prendre un peu de distance avec les autres coureurs, fini, la queue leu leu ... mais nous ne nous éloignons jamais de plus de 10/15m, les uns des autres ... Une belle bosse, provoque encore quelques ralentissements et dans la descente qui suit, j'arrive à passer quelques coureurs. Nous retrouvons le bord du Lac, au km26, pour un bref passage à l'Anse de Sordan, où se situe le 1er ravitaillement, juste avant de remonter jusqu'à un premier point de vue sur le Lac, par un petit sentier, au milieu des pierres. Au sommet, 2 coureurs immortalisent leur passage, en prenant quelques photos, c'est vrai que l'endroit est sympa. Pour la première fois, depuis le départ, j'attaque la descente en ayant l'impression d'être seul, il n'y a personne devant moi et heureusement qu'il y a le balisage, sinon, j'aurai pu croire que je m'étais perdu. La pente est de plus en plus raide, au fur et à mesure que je descend, mais j'aime bien ce passage, qui se termine, juste au bord du Lac. Pendant environ 2km, le tracé alterne, entre chemin et passage sur les rochers, il faut être vigilant car soit il y a des racines, au sol, soit il y a des rochers instables ... J'entends des applaudissements et la voix d'un speaker et comme le chemin longe le Lac, au virage suivant, je vois que de l'autre côté de la berge, il y a une plage et de nombreux spectateurs qui encouragent des coureurs ... Je passerai là-bas, un peu plus tard, car il s'agit de la Plage de Beau Rivage, située au km44, mais pour l'instant, je quitte à nouveau le bord du Lac pour une nouvelle grimpette. Pas de portion plate, car en arrivant au sommet, il faut aussitôt redescendre en direction du Lac, pour arriver au km30 que je passe en 4h10'.

Le chemin est encore une fois au bord du Lac, et des pêcheurs, bien installés dans leurs barques, nous encouragent. C'est sympa, mais de courte durée, il faut encore regrimper, pour arriver à la chapelle Ste Trépine, que nous contournons, avant de traverser la route départementale n°31, puis un chemin en zig-zag, entre les arbres, tout en descente nous mène sur le bord du Blavet. Nous le traversons par une passerelle, pas très large et à peine quelques mètres plus loin, nous empruntons un escalier de pierres pour monter sur une autre passerelle nous permettant de franchir une écluse du Canal de Nantes à Brest. Il y a un monsieur, juste à la descente de l'escalier de pierres, qui encourage tous les coureurs en criant leurs prénoms, ils sont écrits sur nos dossards, et quand j'arrive à sa hauteur, j'entends "Allez Fabrice", et bien sur je lève la tête pour le remercier de m'encourager, et là, grosse surprise, autant pour lui que pour moi, je me retrouve en face de Paul-Eugène, un copain de Caen, avec qui nous avions passé, Eva et moi, 3 semaines à La Réunion, pour le Grand Raid, en 2000. Depuis, nous nous revoyons de temps en temps, mais là, ça faisait au moins 3 ans que nous, ne nous étions pas revus. Je marche un peu avec lui, pendant environ 200m, en discutant vite fait, il me dit qu'il a couru hier, et qu'il attend, avec un groupe de copains, un membre de leur club, qui doit passer bientôt. Ils sont au moins une dizaine juste au pied de la montée que je vais attaquer. Il commence à leur expliquer, que nous sommes de vieux copains, et ils me souhaitent tous une bonne fin de course, c'est sympa, les rencontres comme ça. Je fais la montée en marchant en mangeant un petit morceau de fromage, sorti de mon sac. et au km 33, j'ai une très belle vue sur le barrage de Guerlédan. Un beau chemin, large me permet de rejoindre la rive du Lac et d'arriver au km34, au lieu-dit "Le Rond Point du Lac", où nous pouvons recharger nos bidons en eau.

Un bénévole nous dit que nous allons avoir une dizaine de km à faire avec juste une petite bosse à passer, le reste étant tout plat, quasiment tout le temps, au bord du Lac, jusqu'à Beau Rivage, au km44, où nous attend le ravitaillement. Je repars en même temps qu'un petit groupe, nous resterons ensemble jusqu'à Beau Rivage, et c'est vrai que cette portion est très roulante. Je passe le km40 en 5h43', et j'arrive au ravitaillement du km44 en 6h15'. Tout va bien, je bois un grand verre de coca et je mange deux morceaux de gruyère avec quelques chips, sans oublier un petit gâteau sec. Je recharge mes bidons et c'est reparti pour 9km, jusqu'au prochain ravitaillement au km53. Je suis seul et je longe le Lac, par un petit sentier, avec quelques petites bosses, sans difficultés, pendant environ 5km, jusqu'au km 49, où je me retrouve au pied d'une grosse montée, devant moi, ils sont plusieurs à avancer péniblement en marchant et en faisant des pauses, je vais en faire autant et en arrivant au sommet, je regarde ma montre, tout juste 50km et 7h20' de course, d'après mon objectif, c'était prévu que je passe au km50 en 7h30, pour l'instant c'est encore bon, la barrière horaire du km 53 est prévue pour 9h45 de course, j'ai de l'avance ... La descente, un peu technique, au milieu des rochers, me permet de retrouver le bord du Lac et d'arriver au km53, à l'écluse de Bellevue et le ravitaillement. Ma première surprise, c'est de voir Eva, elle m'explique qu'elle est venue, avec plusieurs personnes, par un chemin, tout plat, et qui vient directement de l'Abbaye de Bon Repos. Elle me dit aussi, avoir vu des coureurs en train de rentre par ce chemin, qui disaient avoir abandonné, mais qui avaient encore leurs dossards ... bizarre !!!


Arrivée au Ravitaillement de l'Écluse de Bellevue, km53.


Ravitaillement de l'Écluse de Bellevue, km53.


Traversée de l'Écluse de Bellevue.

Pour moi, après avoir bien bu, coca, comme d'habitude, puis rempli mes bidons, mangé un peu de salé et un peu de sucré, je quitte le ravitaillement en ayant tout juste 8h de course et comme pour aller de 53km à 63km, il ne reste que 10km, je me dis que entre 1h30 et 1h45, ça peut être jouable, mais voilà, un bénévole annonce qu'il reste 13km ... ça va être un peu plus long, pas grave, un petit bisou à Eva et c'est reparti. Je traverse le canal, par la passerelle et aussitôt après je me retrouve au pied d'une montée, je marche tranquillement et je rattrape un petit groupe, en train de marcher. L'un d'entre eux, qui connaît bien le parcours, nous dit qu'il reste encore 2 montées après celle là, mais moins pentues, ça rassure. Dans la portion plate, au sommet, le petit groupe se remet à trottiner, je pars derrière eux, mais une douleur dans le bas du dos, côté droit, m'oblige à m'arrêter net. C'est comme si, on m'enfonçait une aiguille dans le dos, vers le rein, et ça m'empêche de reprendre ma respiration. Je marche un peu, la douleur semble disparaître mais dès que je commence à trottiner, ça me fait mal, je décide de marcher, en attendant que ça se passe ... Dans la descente je retente un peu de courir, mais rien à faire, j'ai trop mal. Au pied de la descente, sur la droite, je vois l'arche d'arrivée et tout le village course, le speaker annonce les noms des finishers, au fur et à mesure qu'ils arrivent, c'est tentant de traverser la route, mais pas question d'abandonner, je continue, en marchant, tant pis pour le chrono, le but est de finir. Encore une montée, suivie d'une descente pour atteindre le km60, passé en 9h15. Puis une nouvelle fois, je traverse par une passerelle le Blavet, avant d'arriver au dernier ravitaillement au km63, avec 9h55' au compteur et en plus il se met à pleuvoir au moment où j'attaque la dernière montée. Le ciel est noir et je préfère mettre ma veste de pluie, car en marchant, ça risque d'être long, et en étant trempé, ça ne va pas arranger les choses. Le tonnerre gronde et les éclairs illuminent le ciel, mais je continue d'avancer à un bon rythme en marchant, je fais plusieurs tentatives en courant mais ça ne va pas, je suis même un peu inquiet par cette douleur. Malgré les 6 bidons que j'ai bu, depuis le départ, je me rends compte que je n'ai pas uriner une seule fois depuis le matin et je m'arrête pour vidanger ma vessie, il me passe tellement de chose dans la tête depuis un petit moment que je commence à avoir un peu peur d'avoir une infection au niveau du rein. Je continue de boire régulièrement, je mange aussi, quelques morceaux de fromage. La pluie redouble et je suis bien content d'avoir pris ma veste dans mon sac, il y a des coureurs qui me doublent en petit débardeur !!! Mais bon, c'est vrai qu'il n'y a rien d'obligatoire concernant l'équipement à emporter, j'avais appelé les organisateurs pour leur demander où trouver la liste du matériel obligatoire, ils m'avaient répondu clairement que rien n'était obligatoire. Quand on pense que c'est une course qualificative, pour Le Grand Raid de La Réunion, ou l'Ultra Trail du Mont Blanc, ça me paraît léger de ne pas imposer un minimum de choses, mais bon, c'est un autre problème. Pour l'instant j'ai l'impression que ma douleur s'estompe, je quitte le chemin pour retrouver le bitume, il y a de l'eau qui ruisselle sur la chaussée, des bénévoles arrêtent la circulation pour que je traverse la route, et 100m plus loin, il faut traverser la rivière, il y a une corde pour se tenir, l'eau atteint mes genoux, c'est bien, ça va laver mes chaussures. Dès la sortie de la rivière, je repars en trottinant, ça va un peu mieux, je me fraye un passage sous le porche de l'entrée de l'Abbaye, qui sert d'abri aux spectateurs, mais ils ont du mal à se pousser pour laisser passer les coureurs. J'entre dans la cour, il n'y a personne, tous les gens sont à l'abri sous les tentes ou dans leurs voitures, il tombe des cordes, encore une petite boucle avant l'arrivée, il faut passer un talus, c'est dommage, mes chaussures étaient bien propres, les voilà à nouveau remplies de boue, encore 100m sur du bitume et par un petit passage, j'entre sur le site d'arrivée, il y a de la boue partout, il pleut de plus en plus fort, ça gâche un peu la fête, mais je passe sous l'arche d'arrivée en 10h41'35", à la 891eme place et 19eme V3H. Je vais jusqu'à la tente ravitaillement, un coca, une part de gâteau sec, je récupère mon cadeau, un beau polo bleu, au couleur du Trail de Guerledan et je continue, jusqu'à la voiture, je n'ai qu'une envie, me changer et prendre une bonne douche. Eva est dans la voiture, je jette mes affaires trempées dans le coffre ainsi que mes chaussures et chaussettes, j'enfile vite fait un survêtement et direction l'hôtel.
C'est un vrai bonheur de prendre une bonne douche chaude, et de pouvoir mettre des affaires propres et sèches. Mon repas pour ce soir est compris dans le prix d'inscription à la course, mais, même en proposant de payer, Eva n'a pas eu le droit de pouvoir partager le repas avec moi, donc, je ne retourne pas sur le site de Bon-Repos, pour profiter de mon repas, nous partons à Pontivy pour manger tranquillement, ce soir et ensuite passer une bonne nuit à l'hôtel.

Lundi 10 juin 2019
Pas de réveil, pour ce matin, nous prenons notre petit déjeuner à 9h et nous quittons l'hôtel un peu avant 10h. Une petite pause à Loudéac pour boire un petit café et nous passons Rennes, avant midi, pour être tranquille. Il y a du monde sur la route, nous décidons de rouler pendant l'heure du déjeuner et nous allons jusqu'à Alençon, où nous mangeons, au Flunch, dans la zone commerciale sud, avant de rentrer à Damville, dans l'après midi.

Renseignements course : http://www.traildeguerledan.com/