Récit Grand Trail des 2 Amants
/ Pîtres (27) / 9 avril 2017
Après avoir participé à la première édition
du Grand Trail de 53km, en 2015, j'étais revenu en 2016 pour effectuer le
reportage photos pour
www.normandiecourseapied.com
mais quand les organisateurs, m'ont prévenu qu'en 2017, il y aurait un
nouveau Trail de 50km, entre Les Andelys et Poses (Le Trail des Rois
Maudits), et qu'un Challenge serait mis en place en additionnant les temps
des 2 courses. Il ne m'a pas fallu longtemps pour me lancer sur ce nouveau
défi, surtout que le parcours du Trail des Rois Maudits, promet d'être
assez dur. Pour être sur de faire parti des heureux participants, je n'ai
pas hésité à m'inscrire dès le 31 janvier 2017, mais pour aujourd'hui, il
faut déjà terminer le Grand Trail des 2 Amants, ensuite, je vais attendre
le 1er octobre, pour le TRM.
C'est juste après que les choses sérieuses commencent. Après avoir retraversé la RD19, nous attaquons la première grosse montée, en 1km, nous grimpons 150m de D+. Le train est soutenu et nous sommes toujours les uns derrière les autres. Au sommet, une courte partie plate, sur un chemin large, permet à beaucoup de coureurs de faire une petite pause, pour enlever, manchettes, gants et autres protections pour le froid, car ça y est, le soleil commence déjà à bien nous réchauffer ... Dans la descente, nous sommes toujours très nombreux à nous suivre et je suis obligé de faire un écart, pour éviter de percuter le concurrent devant moi, qui s'arrête brusquement sans prévenir ... le sol est glissant et je manque de tomber, heureusement mon pied droit est arrêté par une grosse racine, ce qui me permet de stopper net ma descente, en prenant le concurrent qui me suivait, dans le dos ... Pas de bobo pour personne, nous repartons dans la descente, mais dans le choc, une petite douleur à l'arrière du mollet, presque derrière le genou me gêne un peu ... et plus je prends appui sur ma jambe droite et plus j'ai mal ... Le chemin étant un peu plus large, je marche un peu sur le côté droit, en espérant que la douleur passe ... Daniel arrive à ma hauteur, je lui explique que j'ai une douleur au mollet et que j'espère que ça va passer. Pour lui, tout va bien, le voilà, maintenant devant moi, dans ma tête j'espère pouvoir repartir et qui sait, peut-être revenir sur lui, plus tard. Déjà 1h de course et 10km effectués, quand j'arrive au point d'eau. C'est maintenant au tour de Serge de me doubler et la douleur étant montée jusqu'à l'arrière de la cuisse, je le préviens que si ça ne va pas mieux, je pense abandonner. Heureusement dans mon malheur, le profil de la course est en montée, et donc de toutes façons, j'aurai marché à cet endroit. Cela fait déjà 2km que je marche et les 130m de D+ que je vais attaquer vont surement être difficile, j'en profite pour boire et manger, en montant tranquillement ... Dès le sommet, je décide de refaire une tentative en courant tout doucement ... je n'ai plus de douleur, mais pour combien de temps ... j'essaie de ne pas repartir trop vite et je fais très attention dans les descentes. Du 16e km au 20e tout va bien, je pense ne pas avoir perdu trop de temps, car je passe le km20 en 2h16' ... et j'arrive juste à la barrière horaire du km22 en 2h27' (33' avant l'heure limite). Du km20 au km30, nous restons sur la partie haute du parcours, assez loin des bords de Seine, donc il y a bien quelques bosses, mais avec peu de dénivelé, je reste prudent mais j'avance en courant le plus possible et ça va plutôt bien, puisque je passe le km30 en 3h35', mais toujours pas de Daniel ou de Serge, à l'horizon ... Ensuite, une succession de montées et de descentes, vont me faire bien mal aux jambes, heureusement la tête va bien et même si je passe le km35, au sommet de la plus dure des montées, en 4h21', j'ai toujours le moral et je ne pense qu'à une seule chose, passer la ligne d'arrivée, donc je ne me pose pas trop de question : j'avance ... car je sais très bien que le dernier tiers de course est difficile. Au km38, la montée est tellement dure que je fais au moins une dizaine de pause, avant d'atteindre le sommet. J'arrive enfin sur une partie un peu plus plate, où je peux repartir en courant à un bon rythme, je suis d'ailleurs assez surpris de pouvoir courir alors que beaucoup de participants sont en train de marcher ... Mais soudain, j'arrive sur un coureur qui titube devant moi, il marche, non pas en allant vers l'avant, mais plutôt en allant de gauche à droite, les mains sur les hanches et je vois bien que quelque chose ne va pas ... C'est mon copain Daniel, il est tout blanc, il a la chair de poule, je lui demande s'il a bu suffisamment et s'il s'est mouillé la tête, il me dit que oui, mais il a envie de vomir, à mon avis c'est un début d'insolation, il s'assoit sur le bord de la piste, je lui mouille la tête avec le reste d'un de mes bidons, mais ça ne va pas bien du tout. Il y a une ambulance avec des secouristes à moins de 100m, je lui conseille de retourner les voir, ça me paraît beaucoup plus prudent, il comprend que je suis sérieux et fait demi tour, en direction des secouristes, qui le prenne aussitôt en charge. Ils lui mettent une couverture de survie, car il est gelé, il a 9 de tension ... ils décident de le transporter jusqu'au poste médical, à l'arrivée de la course pour qu'un médecin puisse l'ausculter ... Il a juste eu le temps de me dire que Serge venait juste de le passer quand je me suis arrêté pour l'aider ... Je repars, bien sur en pensant à Daniel, mais aussi, à ma course ... et si j'arrivais à rattraper Serge, ça serait sympa de finir ensemble. Je ne traîne pas et j'arrive au dernier ravitaillement, au km43, en 6h25'. Je jette un coup d'œil autour des tables pour voir si Serge est là, mais non, il y a beaucoup de monde et je retrouve Thierry de l'équipe Défi Joëlette, qui m'avait doublé vers le km30. Je refais le plein de mes 2 bidons, car même s'il ne reste que 10km, ils sont difficiles à avaler et sous le soleil, j'aime bien me mouiller la tête de temps en temps ... je n'ai passé que 2' au ravitaillement, je repars très vite car je sais que juste en entrant dans la forêt, ça descend jusqu'à Romilly-sur-Andelle, où nous devons longer la voie de chemin de fer. Il y a 2 ans, à cet endroit, je ne pouvais quasiment plus courir, alors qu'aujourd'hui, je ne me suis pas arrêté de courir jusqu'au pied de la montée vers le Château des 2 Amants. Encore une fois, par rapport à ma montée d'il y a 2 ans, je n'ai pas fait de pause en montant, et toujours pas de Serge, je finis par me dire que c'est trop tard, il doit être loin devant. Arrivé au panorama du Château, il y a une très belle vue, et surtout beaucoup de monde. Ils sont tous en train de manger et boire en nous encourageant, c'est sympa. Allez, ça descend et je ne me pose pas de question, j'y vais ... enfin, seulement jusqu'au km48, car là, j'avais oublié cette dernière montée, et celle là, elle m'a coupé les jambes ... heureusement, ça ne dure pas trop longtemps et dans la dernière descente, j'ai les cuisses tellement dures que je commence à avoir du mal à courir ... Je traverse la RD19, en direction du barrage de Poses, il fait chaud, un bénévole me propose de l'eau fraiche pour me mouiller la tête, allez, hop, ça fait du bien ... comme il y a 2 ans, la guinguette de l'Ecluse est remplie et les gens dansent au son de l'accordéon ... un promeneur me félicite et m'annonce qu'il me reste 3km ... c'est dur ... je marche ... je cours ... je marche ... un coureur, plus jeune que moi, me double en trottinant, il m'encourage et m'invite à le suivre, j'essaie de rester dans sa foulée, nous arrivons à la pancarte, 2km ... et puis nous passons celle de 1km ... C'est super, on va finir ensemble ... et juste dans la dernière butte de terre à 300m de l'arrivée, je vois Daniel, ça me rassure, il va mieux, il est en compagnie de Didier et Momo qui sont venus nous voir passer l'arrivée. Ils me demandent si j'ai vu Serge ... je leur répond qu'il est devant moi, puisque je ne l'ai pas doublé ... et non, il n'a pas encore passé la ligne et pour le moment, c'est moi qui termine en 7h46'19", à la 146e place au scratch et 3e V3H. A peine le temps d'enlever ma puce, pour la rendre à la table de comptage, que le 147e arrive et oh! surprise, c'est Serge, qui termine en 7h48'46" ... Il s'est arrêté au dernier ravitaillement pour se changer, et je ne l'ai pas vu, et comme la dernière fois que je l'avais vu, je n'étais pas très bien, il ne pensait pas du tout que je pouvais être revenu sur lui ... dommage, ça aurait été sympa de finir ensemble ... mais, bon, le principal est quand même, que nous avons passé la ligne d'arrivée et terminé la première partie du Challenge MPSE.
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Challenge MPSE, renseignements : https://mpsportsevents.wixsite.com/mpse |