Récit Course CCC - 26/27 août 2011 - Chamonix - 74 -------------------------------
Me voici enfin au départ de la CCC
Il y a un an, jour pour jour, nous avions fait le voyage, à Chamonix, avec Eva, pour encourager quelques copains, venus participer à cette belle fête de l'Ultra Trail, en France. Et, en voyant les yeux des concurrents, lorsqu'ils franchissaient la ligne d'arrivée, je me suis revu, dix ans, en arrière, passant la ligne d'arrivée du Grand Raid de La Réunion ... il n'en a pas fallu plus, pour que, dès notre retour en Normandie, le 30 août 2010, je décide de m'inscrire à la CCC pour 2011. Avoir envie de participer, c'est une chose, mais être certain d'être au départ, en est une autre ... le règlement est très stricte, pour la CCC, il faut récupérer 1 point, en participant à un trail d'au moins 50km avec 2000m de dénivelé, et ça, avant le début des inscriptions ... le 22 décembre 2010. Entre mes week-end de garde et les courses offrant la possibilité de récupérer 1 point, il n'y a eu qu'une seule date, le 21 novembre, et pour en plus, corser le tout, la course, "Le Trail Uewersauer", se déroulait au Luxembourg, dans les Ardennes Luxembourgeoises, à Heiderscheid ... Sans vraiment beaucoup réfléchir, nous sommes partis, pour un rapide week-end au Luxembourg, dans la grisaille et le mauvais temps, par une température en dessous de 0°, qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour pouvoir se qualifier ... Puis, une fois mon point gagné, en terminant la course et mon inscription envoyée ... j'ai attendu le tirage au sort du 18 janvier 2011 pour savoir si mon nom était sur la liste des participants ou des recalés ... l'attente a été longue, et c'est par mail que j'ai appris la bonne nouvelle : "Vous serez sur la ligne de départ de la CCC 2011" ... et aujourd'hui, ce n'est plus ... "Vous serez" ... mais ... "je suis sur la ligne de départ" ... Je ne suis pas seul dans cette aventure, mes copains Daniel, David et Bruno, sont eux aussi, au départ. Nous avons loué, Eva et moi, un petit appartement dans le centre de Chamonix, pour 2 semaines, et nous sommes arrivés le 20 août ... et comme nos copains Charentais, Pierre et Françoise, ont eux-aussi décidé de venir partager ce moment de course avec nous, ils ont loué pas très loin de chez nous, un appartement pour une semaine ... et sachant qu'une bonne partie de la bande allait passer un petit moment ensemble à Chamonix, Serge a décidé de venir passer quelques jours avec nous ... Maria, mise au courant par Eva, de ce petit rassemblement, est aussi du voyage, ce qui promet un bon séjour bien sympathique, pour ceux qui vont rester dans Chamonix à attendre les pauvres galériens qui seront sur les sentiers autour du Mont-Blanc ... Marie-Claude devait aussi venir avec nous, mais malheureusement, à cause d'un petit problème de santé, elle a préféré, à son grand regret, renoncer à ce petit voyage ... |
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Je ne vais pas revenir sur le temps passé à l'entraînement ... ni sur les quelques courses auxquelles j'ai participé pour la préparation de la CCC, mais plutôt sur notre séjour à Chamonix ainsi que sur ... "MA COURSE" ... Commençons par le parcours : Le départ est donné le vendredi 26 août, à 10h00 de Courmayeur, en Italie, et après un passage en Suisse à Champex, l'arrivée en France, à Chamonix, est obligatoire avant 12h30 le samedi 27 août. La distance a parcourir est de 98km avec 5791m de dénivelé + et 5976m de dénivelé -, avec, bien sur des barrières horaires à respecter sous peine de disqualification.
Le matériel obligatoire : Je ne sais pas si tous les participants l'auront en permanence avec eux, mais moi, je joue le jeu et j'emporte tout, soit sur moi ou bien, rangé dans mon sac à dos ... Attention, la liste est longue ... une petite photo, regroupant le tout, suffit ... reste plus qu'à trouver un sac pour enfourner l'ensemble et courir avec ... Le retrait du dossard : La première chose à faire en arrivant à Chamonix, est de récupérer mon dossard, et c’est donc, muni d’une pièce d’identité et surtout d’un billet de 20€ pour la location des puces (et oui, "des" puces, car nous en avons deux, certainement pour faciliter les contrôles pendant la course), que je me rends dans le hall, prévu à cet effet. Tout est fléché depuis le centre ville (on sent "la grosse organisation"). Je ne suis pas seul et je fais la queue comme tout le monde, avant d’entrer dans le hall … Des panneaux immenses, nous permettent de connaître nos n° de dossard, puis nous passons devant une personne chargée, en premier lieu de vérifier notre identité et de nous remettre une première puce, en échange du billet de 20€, accompagnée d’une liste du matériel obligatoire pour la course. Cela va assez vite, car ils sont au moins une douzaine de personnes pour cette première étape. Ensuite, après une deuxième file d’attente, j’arrive devant une table où une quarantaine de personnes sont là, uniquement pour vérifier le contenu de nos sacs … la femme, chargée de s’occuper de mon cas, me demande de vider complètement mon sac … tout y passe : gants étanches, lampes et piles de rechange, lampe de secours et piles de rechanges, bande de contention (1mX6cm), veste et pantalon de protection contre la pluie, collant long et maillot de rechange en cas de mauvais temps, couverture de survie, sifflet, réserve d’eau et réserve alimentaire … j’avais bien fait de tout préparer et une fois toutes les petites cases, cochées, la dame me demande de signer la feuille en m’engageant à respecter de participer à la course avec la totalité du matériel dans mon sac, pendant toute la course … je retrouve la file d’attente jusqu’à une autre table, où une équipe de 4 personnes est là pour nous fixer autour du poignet, la première puce que nous avions récupéré, un peu plus tôt … et rebelote, file d’attente, mais tout se passe dans la bonne humeur … je me rapproche de la sortie, enfin, presque … encore 3 arrêts … au premier, je donne la feuille que j’ai signé et le monsieur la range avec beaucoup de soin, par ordre alphabétique, puis en échange, me donne une enveloppe dans laquelle se trouve mon dossard, avec la deuxième puce incorporée à l’intérieur, il me souhaite une bonne course et me dirige vers l’avant dernière table … là, on me remet mon billet pour monter dans le car qui doit nous conduire à Courmayeur, en Italie, pour prendre le départ, avec un horaire impératif, à respecter … et enfin, j’arrive à la dernière table, pour recevoir un sac vert (couleur pour la CCC) avec à l’intérieur, le maillot officiel des participants à toutes les courses … ouf, ça y est, mais il m’aura fallu, environ 45’, pour toutes ces formalités. Je ne suis pas capable de dire combien de personnes étaient chargées de s’occuper de nous, mais par contre, j’ai vu qu’il y avait de nombreuses personnes capables de parler plusieurs langues, anglais, allemand, italien, japonais et ainsi de suite … il est vrai que dans les 6500 participants, il y a 63 nationalités présentes. Le passage obligatoire par le Village des Exposants : Je retrouve Pierre, Françoise et Eva qui m’attendent à l’extérieur, bien abrités sous un arbre, car, il fait très chaud, environ 30° et il n’y a pas beaucoup de vent pour nous rafraîchir, alors, rien de tel qu’un peu d’ombre pour ne pas souffrir de la chaleur … et puis, Pierre a une très bonne idée : "Si on allait boire une petite bière, au Village des Exposants ?" ... Aussitôt dit, aussitôt fait … et c’est vrai que ça fait du bien … Le village des partenaires est ouvert depuis ce matin et toute la ville est aux couleurs de l’UTMB, même le Maire est inscrit sur la CCC … Nous faisons le tour de tous les stands et nous en profitons pour rendre une petite visite à un Normand, habitué du forum de www.normandiecourseapied.com, Nicolas qui expose les produits de sa société "OFF-RUN". C'est aussi l'occasion de discuter avec des organisateurs de courses, en France ou à l'étranger et d'essayer les nouveautés présentées par les équipementiers ... Il y a l'embarras du choix, car ils ne sont pas moins d'une centaine d'exposants rassemblés sur la Place du Mont-Blanc, tous installés dans des petits chalets en bois, très typés "Montagne" ... Pendant 3 jours, le Salon offre la possibilité aux coureurs venant des cinq continents, à leurs familles, aux bénévoles, ainsi qu'à tous les touristes de se rencontrer et de partager leur passion pour la course nature, et le chiffre de 50000 visiteurs a encore une fois, cette année été largement atteint. Il est aussi possible d'assister à des conférences ayant pour but, la pratique du Trail, avec des thèmes très intéressant, comme la nutrition (avant, pendant et après une course) ou bien la récupération. Vendredi 26 août (jour J) : J’ai rendez-vous à 7h00 avec Daniel, Bruno et David, au point d’embarquement dans les bus et Maria et Serge, arrivés très tôt ce matin, pendant que je prenais mon petit déjeuner, décident de m’y accompagner … notre départ est prévu à 7h30 et le timing est respecté. Un petit bisou à Eva et direction l’Italie, par le tunnel du Mont-Blanc, pour rejoindre Courmayeur … en moins de 40’. David, connaît bien l’endroit du départ et nous y guide sans problème, nous sommes dans le sas du départ prévu à 10h20’ avec 600 autres participants. Juste devant nous, 600 autres vont partir à 10h10 et dans le premier sas, les 600 restants partent à 10h00 … Le parcours ayant changé au dernier moment, les organisateurs ont prévu des horaires de départ, décalés, pour éviter un bouchon trop important dans la montée vers la Tête de la Tronche ... mais, le mauvais temps des dernières nuits et surtout les orages prévus pour la fin d'après-midi, remettent en cause le déroulement des courses. Les organisateurs ont déjà dévié les coureurs de la TDS, partis jeudi matin et un SMS vient de prévenir les participants de l'UTMB que le départ est repoussé à 23h30, ce soir au lieu de 18h30 ... Quand à la CCC, plus question de monter vers la Tête de la Tronche, nous partirons donc, directement vers le refuge Bertone, et après Champex, direction Trient par Martigny et non plus par Bovine. Nous éviterons aussi Catogne, la Tête aux vents et la Flégère, ce qui ramène la distance à 92km pour "seulement" 5200m de D+ ... 10h20 ... départ de "Ma" CCC : Nous sommes encore ensemble, sur la ligne de départ, Daniel, David, Bruno et moi, mais nous nous sommes mis d'accord, chacun sa course ... J'aime cette sensation, au moment du départ, c'est un frisson qui nous envahie, entièrement, surtout, quand la musique du film "Christophe Colomb", poussée au maximum, nous résonne dans les oreilles, et puis les centaines de spectateurs, venus nous encourager et qui crient nos prénoms (ils sont inscrits en gros sur nos dossards) en secouant des cloches, quand nous passons près d'eux ... l'émotion est forte, très forte ... comme je m'en doutais, je ne peux m'empêcher de pleurer, mais je ne suis pas le seul et beaucoup de coureurs profitent des lunettes de soleil pour cacher quelques larmes ... Nous traversons Courmayeur en trottinant et dès la première montée, je décide de marcher car pour moi, pas question de me griller dès le départ. Daniel et David, partent tranquillement devant et Bruno, plus prudent, reste avec moi. Le chemin qui nous permet de rejoindre le Refuge Bertone n'est pas large, et souvent très encombré, nous obligeant, fréquemment, à des arrêts forcés. De superbes passages en lacets, nous permettent de voir, que nous sommes nombreux à nous suivre, en file indienne. Dans cette montée, David s'est arrêté, pour soulager un besoin naturel ... on se dit qu'il va nous rattraper plus tard ... 11h42, nous arrivons au refuge Bertone, Daniel, Bruno et moi ... puis direction le refuge Bonatti que nous atteignons, toujours ensemble, à 13h00. A chaque fois que cela est possible, nous courons, mais la plus grande partie du temps, nous devons marcher et suivre la file ... bien sur, pendant ce temps là, le chrono tourne et la première barrière horaire commence à nous faire un peu peur. C'est en descendant vers Arnuva que nous rattrapons un peu de temps, le chemin étant un peu plus large, nous pouvons doubler de nombreux concurrents, qui continuent de progresser en marchant ... Nous sommes encore pointés ensemble au passage à Arnuva, à 13h57. Nous sommes à 1769m d'altitude et nous attaquons le Grand Col Ferret, dont le sommet est à 2537m, c'est le point culminant de la CCC. En 3km, nous devons grimper 768m ... je sais, si, pour certains, c'est de la rigolade, pour moi, c'est un bel obstacle à franchir ... mais, je vais y arriver, tranquillement, à mon rythme ... Daniel s'envole, dès le pied du col ... Bruno s'intercale entre nous, et je vois doucement les écarts se creuser ... Nous ne nous reverrons, seulement après l'arrivée ... C'est Daniel qui est le premier à franchir le sommet, à 15h21, ensuite Bruno pointe à 15h35 et moi, à 15h45 ... Tout va bien et la grosse difficulté est avalée ... Nous avons quitté l'Italie et maintenant, nous sommes en Suisse, pour une belle partie en descente, environ 20km, jusqu'à Champex. J'arrive à La Fouly à 17h45, j'ai envie d'une bonne soupe aux vermicelles avec un petit morceau de pain, je reste debout pour manger, et avant de repartir, à peine une dizaine de minutes plus tard, je remplis mes bidons d'eau car le prochain ravitaillement est à 15km (Champex-Lac) ... mais pour faire 15km en montagne, on ne sait jamais, combien de temps, il faut ... Les Suisses sont vraiment chaleureux, et tout le long du parcours, dans le moindre petit village, il est facile de trouver un peu de réconfort. De nombreuses tables avec gobelets et carafes d'eau sont mis à notre disposition par les habitants qui ne manquent pas de nous encourager. Certains nous offrent du café ou du thé et même un petit alcool que je n'ai pas osé gouter ... J'ai aussi découvert des villages magnifiques comme Praz-de-Fort et Les Arlaches où tous les chalets sont fleuris et décorés comme nul part ailleurs ... Puis en entrant dans Issert, c'est un groupe de personnes assis sur leur terrasse, qui m'ont interpellé en me proposant un petit apéro, à partager avec eux, sous prétexte que j'allais en avoir besoin pour avaler les 500m de dénivelé positif, pour monter à Champex-Lac ... avec un grand sourire, j'ai accepté de prendre ... quelques TUC, pour grignoter en pensant à eux ... Ils avaient raison, la montée est longue et la pluie qui commence à tomber, m'oblige à accélérer un peu le pas car j'espère arriver au grand ravitaillement de Champex-Lac, avant la nuit, et c'est seulement là-bas que je vais me changer pour la nuit ... J'arrive à Champex-Lac à 20h13, c'est la cohue à l'intérieur de la tente de ravitaillement, au bout de 20 minutes de queue, j'arrive à avoir une soupe, un morceau de pain, un morceau de fromage, et quelques gâteaux secs. Le plus difficile est de trouver une place pour m'asseoir ... impossible ... et je ne suis pas le seul à jouer des coudes pour m'installer au bout d'une table, sans pouvoir m'asseoir, mais au moins pouvoir poser mon assiette quelque part, le temps de me changer ... pas facile, mais j'arrive à enlever mon maillot trempé et à remettre sur moi, un haut sec, ainsi qu'un collant long sur mes jambes, c'est déjà plus sympa pour manger ... ensuite, je sors ma lampe frontale et je m'apprête à repartir, mais la pluie tombe toujours ... je décide d'enfiler mes habits de pluie, haut et bas plus mes gants ... mon sac est moins lourd, car j'ai presque tout le matos obligatoire, sur moi ... Je quitte Champex-Lac à 20h57 et je sais que le changement de parcours est en descente jusqu'à Martigny. Ma lampe, sur la tête, je dévale la pente gentiment, en faisant attention de ne pas tomber, la pluie redouble et le vent se lève ... les éclairs commencent à illuminer la montagne et les coups de tonnerre sont impressionnants ... je maintiens un bon rythme de croisière et je double beaucoup de petits groupes qui avancent en marchant. Exactement, je ne suis pas seul à courir, car nous sommes 3, espacés par une dizaine de mètres, et de temps en temps, sans nous dire un mot, nous changeons de position, ce qui a pour effet, de nous motiver un peu plus et surtout, ce n'est pas toujours le même qui ouvre la piste. Nous arrivons à Martigny à 23h43, trempés ... mais une chose est sure, nous venons de franchir la barre des 60km, il n'en reste que 32 à faire, les deux tiers sont faits. De Martigny à Trient, il y a 7km et 500m de dénivelé positif, je sais que je vais encore en baver, mais je n'ai que des pensées positives, donc, ça va ... Plus nous nous rapprochons de Trient et plus les éclairs et les coups de tonnerre sont violents, en montagne, c'est encore plus impressionnant. La pluie, quand à elle, n'a jamais cessé et tombe de plus en plus fort ... Un de mes compagnons de marche nous dit : "Si ça continue comme ça, ils vont nous arrêter à Trient et nous rapatrier à Chamonix, en bus, comme l'an dernier ..." Le chemin que nous grimpons est un vrai torrent et parfois, l'eau qui dévale la pente, recouvre nos chaussures ... c'est la première fois depuis le départ que j'ai un coup de cafard ... je n'ai plus de plaisir, cela devient inutile et l'envie d'arrêter commence à germer dans ma tête ... je continue d'avancer, mais maintenant, je suis seul ... je m'arrête de plus en plus souvent ... j'ai l'impression que la pluie s'est arrêtée, j'enlève ma capuche qui me couvrait la moitié du visage, et oui, il ne pleut plus ... les éclairs semblent s'être éloignés et les coups de tonnerre sont beaucoup moins violents ... le moral revient juste quand j'arrive au ravitaillement de Trient à 2h59. Il y a moins de monde qu'à Champex et j'arrive à prendre une petite soupe aux vermicelles et quelques morceaux de pain avant de repartir très vite à 3h12 (13' d'arrêt). Il tombe toujours quelques gouttes d'eau, mais rien à voir avec ce que nous avons reçu sur la tête, précédemment. Pour rejoindre Vallorcine, comme prévu, nous ne montons pas à Catogne et c'est donc par Les Jeurs que nous nous y rendons. Je passe le contrôle des Jeurs, 6km plus loin, à 3h52. Encore 4km pour arriver à Vallorcine, et là, c'est le calvaire, la pluie retombe de plus fort, je suis seul et je marche de moins en moins vite, je passe même un petit moment assis sous un arbre ... je sais que la fin de course est proche et j'ai envie de finir mais voilà, la fatigue est là et même si je ne ressens aucune douleur, nulle part, mon corps refuse d'avancer plus vite ... ce n'est pas grave, je vais finir à ce rythme sans m'énerver ... sans avoir vu personne, j'arrive à Vallorcine à 5h31, je bois un grand verre de coca, je mange un carré de chocolat et je repars à 5h34 en grignotant une barre de céréales. Il reste 15km de course, et on me dit qu'en à peine 3h, c'est faisable ... je me prends à rêver que je vais peut-être finir vers 8h/8h15 ... surtout que cette fois, la pluie a définitivement cessé de tomber ... en arrivant à Argentières, à 6h56, je réalise que le jour s'est levé sans que je m'en rende vraiment compte. Par contre, en sortant de la ville, je vois les rayons du soleil qui éclairent les sommets enneigés de la chaine du Mont-Blanc, c'est magnifique ... il ne me reste plus qu'un seul pointage et après c'est l'arrivée dans Chamonix. J'arrive encore à trottiner et je passe le pointage des Tines à 7h57. En courant le long de la rivière, je me dis que ça va être tout plat jusqu'à Chamonix, mais non, le balisage indique qu'il faut partir vers la droite et dès la sortie du virage ... une montée, droite comme un I ... et ça monte, encore et encore jusqu'à ce que l'on rejoigne le Balcon sud ... ha! c'est vrai que la vue est belle ... on aperçoit Chamonix, en dessous de nous ... je reste très prudent dans la descente ... les premières maisons, je sais que là, il ne reste que 2km ... puis je passe sous l'arche indiquant le dernier km ... je trottine ... je croise Daniel et Bruno, qui partent prendre leur douche, je m'arrête, nous sommes tous les 3, heureux comme des gamins ... je repars et Pierre, qui est venu à ma rencontre, court à côté de moi, en m'encourageant, mais il va vite, le bougre, et j'ai un peu de mal à suivre, mais la traversée de la ville est si belle au milieu des courageux spectateurs, venus nous applaudir que plus rien ne peut m'arrêter ... Eva est au milieu de la route, une petite larme coule de ses yeux, elle me prend dans ses bras et m'embrasse, il me reste encore 200m à faire pour vraiment pouvoir dire : " J'y étais et je l'ai fait ..." A peine la ligne franchie, Eva, Serge, Maria, Pierre et Françoise sont là, pour me féliciter et me réconforter, mais, bien sur, c'est l'émotion qui l'emporte et je ne peux m'empêcher de pleurer dans les bras d'Eva ...
Pour tout savoir sur les courses de l'UTMB : www.ultratrailmb.com/ |
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